benhammadi@yahoo.fr 05-05-2009
 

Abou Elkacem Echebbi

Très jeune, il voyage à travers la Tunisie. En 1920, il entre à la Zitouna où il connaît de difficiles conditions de vie. En parallèle à l’écriture de ses poèmes, il participe aux manifestations anti-zitouniennes qui agite alors Tunis. Ayant terminé ses études, il commence à fréquenter des cercles littéraires et, le 1er février 1929, il tient une conférence à la Khaldounia avec pour sujet l’imagination poétique chez les Arabes. Il y critique la production poétique arabe ancienne et cette conférence, bien qu’elle déclenche dans tout le Proche-Orient des réactions violentes à l’encontre de Chebbi, participe au renouvellement de la poésie arabe. Mais son père meurt en septembre de la même année et, en janvier 1930, il veut réitérer l’épisode de la conférence. Toutefois, celle-ci est boycottée par ses adversaires et constitue un véritable échec pour Chebbi. Sa santé se dégrade alors considérablement et sa mort subite a lieu alors qu’il a à peine 25 ans.

Abderrazak Cheraït considère Abou el Kacem Chebbi comme « l’un des premiers poètes modernes de Tunisie »[2]. Ses poèmes apparaissent dans les revues de Tunisie et du Moyen-Orient les plus prestigieuses. Il écrit sur des notions comme la liberté, l’amour et la résistance, notamment dans son fameux Ela Toghat Al Alaam qui s’adresse « aux tyrans du monde » qu’il écrit en plein protectorat français en Tunisie.


Chebbi naît au sein d’une noble famille lettrée et intellectuelle en février 1909 (sans doute le 24 février[3], soit le 3 safar 1327 dans le calendrier musulman[4]) dans le hameau familial de Châbbiya (devenu aujourd’hui l’un des quartiers de Tozeur)[5]. On ne sait rien de sa mère à l’exception de quelques apparitions en filigrane dans certains de ses poèmes comme celui intitulé Cœur maternel[6]. Il est l’aîné de ses frères Abdelhamid et Mohamed Lamine ou plus simplement Lamine[4]. Ce dernier, né en 1917 à Gabès, a fait ses études au Collège Sadiki et sera plus tard ministre de l’éducation nationale dans le premier gouvernement formé après l’indépendance, du 15 avril 1956 au 6 mai 1958[4],[7].
À peine est-il circoncis que la famille Chebbi quitte Tozeur[5]. En effet, son père, Mohamed Chebbi, né en 1879[4], Zitounien de l’Université al-Azhar du Caire, est un cadi[5]. Cette fonction amène donc la famille à parcourir la Tunisie : ils arrivent à Siliana en 1910, à Gafsa en 1911, à Gabès en 1914, à Thala en 1917, à Medjez el-Bab en 1918, à Ras Jebel en octobre 1924[8] et à Zaghouan en 1927[4]. Chebbi reçoit une éducation traditionnelle à l’école primaire coranique de ces diverses localités[9]. Sa poésie gardera la trace de la variété de ces paysages, d’autant plus que le jeune garçon mène une vie plus contemplative que ses camarades notamment à cause de son cœur fragile dont il souffre très tôt mais aussi par la position sociale de son père[5].
En octobre 1920, il doit suivre la voie tracée par son père : il entre à l’Université Zitouna de Tunis[10] où il apprend le Coran, la tradition de la religion et quelques points de poésie mystique[5]. Il habitera ainsi dans des médersas pendant dix ans — soit toute son adolescence —, dans des conditions difficiles compte tenu de sa santé fragile[10]. Mohamed Farid Ghazi rapporte que « plus tard dans son Journal, il jugera avec sévérité et mépris cet enseignement sclérosé »[10]. Alors que ses trois frères cadets sont inscrits dans des écoles franco-arabes, Chebbi suit une formation dans un arabe pur et classique[5]. Il découvre des auteurs occidentaux — Alphonse de Lamartine, John Keats, Johann Wolfgang von Goethe[11], Ossian, etc[12],[13]. — à travers des traductions en arabe[5] qu’il trouve dans la fréquentation assidue, dès 1927, des bibliothèques de la Khaldounia (institut fondé par les nationalistes tunisiens)[10], du club littéraire de l’association des anciens élèves du Collège Sadiki[9] ou du club littéraire An-Nâdi Al Arabi (Foyer arabe)[11]. Il lit également des auteurs arabes, notamment le poète libanais Khalil Gibran[11], le poète Al-Mutanabbi et l’écrivain égyptien Taha Hussein et son écrit De la littérature antéislamique (1926)[12],[13].
À partir de l’âge de 14 ans, Chebbi écrit ses premiers poèmes[10]. En 1924, son père est nommé à Ras Jebel puis à Zaghouan[14] trois ans plus tard. Il écrit successivement : Ô Amour (1924), Tounis al-Jamila (La belle Tunisie, 1925), La guerre, La complainte de l’orphelin et Le chant du tonnerre (1926), Poésie, Rivière d’amour, D’hier à aujourd’hui et L’éclat de la vérité (1927)[14]. À 18 ans, Chebbi fait une rencontre importante avec l’éditeur Zine el-Abidine Snoussi qui tient une sorte de cénacle littéraire dans son imprimerie Dar al-Arab qui édite des écrivains comme Mahmoud Messaadi, Mustapha Khraïef, Ali Douagi ou Tahar Haddad[15]. Snoussi publie l’année suivante son Anthologie de la littérature tunisienne contemporaine en arabe (1928) où il consacre pas moins de trente pages à Chebbi qui y rédige 27 poèmes[16].
Ses poèmes sont alors publiés dans le supplément littéraire du journal En Nahda[16]. Chebbi milite au sein de l’Association des jeunes musulmans et est élu président du comité étudiant dans un climat de contestation de l’enseignement zitounien qui agite alors la capitale et qui va jusqu’à des menaces de grève[16]. En tant que membre du conseil de réformes, conseil composé d’étudiants, il insiste « sur la nécessité de rénover et de moderniser l’enseignement scolastique zitounien »[10]. Ayant terminé ses études secondaires à la Zitouna en 1928, il s’installe alors à l’hôtel et s’inscrit en cours de droit[16] à l’École de droit tunisien[9]. Il fréquente désormais les réunions et les cercles littéraires et commence à intéresser les milieux intellectuels et artistiques[16]. Son look est alors assez dandy : Chebbi ne porte généralement pas de chéchia — les Zitouniens n’oseront le faire qu’après l’indépendance —, s’habille avec élégance et ne porte pas les insignes obligatoires des bacheliers ès sciences théologiques zitouniens[17].
Le 1er février 1929, à la Khaldounia, Chebbi tient une conférence retentissante de deux heures sur le thème de « l’imaginaire poétique et la mythologie arabe »[18] et s’indigne que « l’histoire n’a[it] retenu de la mythologie arabe que peu de choses[18] » mais explique ceci en ces termes :
« Contrairement à d’autres civilisations, les légendes ou contes ne se trouvent dans aucun recueil, aucun manuscrit. Ils restent dispersés dans différents ouvrages ou sont transmis par la tradition orale, au point que les rassembler serait très difficile[18]. »
Son exposé consiste en fait en une rude critique littéraire de la production poétique arabe depuis le premier siècle de l’hégire (VIIe siècle)[19] qui fait à l’époque scandale[20]. Le jeune homme de 20 ans, qui ne connaît aucune langue étrangère et n’a jamais quitté son pays, surprend par l’originalité de ses idées et l’audace de ses jugements :
« Les poètes arabes n’ont jamais exprimé de sentiments profonds, car ils ne considéraient pas la nature avec un sentiment vivant et méditatif, comme quelque chose de sublime, mais plutôt comme on regarde d’un œil satisfait un vêtement bien tissé et coloré ou un beau tapis, rien de plus[19]. »
De plus, il pense que les Arabes « n’avaient comme expression de la beauté que celle de la femme »[21] mais leur reproche qu’au lieu « de la placer sur un piédestal et de la voir d’un regard noble et sacré, à l’exemple des artistes grecs qui en firent leurs muses, le poète arabe ne l’évoque qu’en tant qu’objet de son désir et de sa convoitise charnelle[21] ». Chebbi choque par ces propos selon lesquelles « la vision de la femme dans la littérature arabe est une vision médiocre, très basse et complètement dégradée »[21]. » Comme l’indique Ameur Ghedira, cette conférence « déclenche d’abord en Tunisie, puis au Proche-Orient, une série de réactions violentes contre son auteur »[6], surtout de la part des conservateurs et des poètes salafistes[22]. Jean Fontaine remarque quant à lui que « Chebbi voit surtout les aspects négatifs de la poésie arabe ancienne »[6]. Il ajoute que le poète Abou el Kacem Chebbi « adopte la même démarche que les romantiques voulant une littérature qui corresponde à la vie »[6]. Le professeur Mongi Chemli la décrit comme étant « le divorce inéluctable avec l’ancien, la rupture irréversible avec la tradition »[22]. Chebbi rappelle néanmoins : « Si j’appelle de mes vœux le renouveau [...] ce n’est point pour dénigrer la littérature de nos ancêtres »[23]. Muhyi al-dîn Klibi, ami de Chebbi, fait le compte-rendu de la conférence en ces termes :
« Cette conférence avait soulevé un grand écho dans les cercles littéraires de telle sorte qu’on peut dire qu’elle constitue le début de la querelle des Anciens et des Modernes, qu’elle a poussé à une sèche polémique entre les partisans du passé et ceux du renouveau[6]. »
Dans le même mois — qui coïncide avec celui du ramadan —, Abou el Kacem Chebbi doit retourner à Zaghouan où son père est gravement malade[19]. Après l’Aïd el-Fitr, il revient à l’imprimerie vérifier l’édition par souscription du texte de sa conférence[19], qui deviendra effective en avril[24]. Fier du succès qu’il obtient, Chebbi compte éditer un recueil de poésie avec 83 poèmes[19]. Il l’intitule Aghani al-Hayat — plus tard traduit par Les chants de la vie, Odes à la vie, Cantiques à la vie ou encore Hymnes à la vie[25] — et le propose par souscription à 15 francs[19]. Toutefois, ce diwan ne sera pas publié de son vivant[26].
En juillet 1929, il écrit C’en est trop mon cœur. Vers la fin du mois, son père, mourant, retourne à Tozeur où la famille Chebbi lui rend visite[4]. On suppose que c’est à ce moment-là que le père de Chebbi promet la main de son fils à l’une des cousines de ce dernier[6], nommée Shahla Ben Amara Ben Ibrahim Chebbi[24], et avec qui il aura deux enfants : Mohamed Sadok, né le 29 novembre 1931, qui deviendra colonel dans l’armée, et Jalal, né le 4 janvier 1934[27], qui deviendra ingénieur[25]. Son père meurt finalement le 8 septembre 1929[4]. Cette mort le touche beaucoup et, le 29 octobre[24], Abou el Kacem Chebbi lui rend hommage par son poème Ilâ Allah (1929) qui se traduit par À Dieu[6].
L’année 1929 marque aussi le début des véritables complications de la santé de Chebbi[4], alors que sa santé se dégrade encore considérablement pendant le premier hiver de 1930[28]. Son ami Zine el-Abidine Snoussi le présente au médecin Mahmoud Materi qui remarque une baisse de sa force morale et physique[4]. Il décide alors de commencer son Journal le 1er janvier[6]. Le 13 janvier, il tient une conférence à la médersa Slimania sur le thème de la littérature maghrébine[28]. Boycottée par ses adversaires, les Zitouniens et les conservateurs, cette conférence est un véritable échec[28] et l’audience de la salle n’est composée que de ses proches amis[22]. Magnin pense qu’« une conspiration fut organisée autour de lui par certains tenants de la tradition littéraire »[28]. Durant l’été 1930[9], son mariage est finalement célébré[6]. Il participe alors à la nouvelle revue de Snoussi, Al-âlam al-adabi (Le Monde littéraire), au supplément littéraire d’En Nahda et à la revue cairote Apollo[27]. Il refait une nouvelle version de son diwan mais, toujours par manque de souscripteurs, ne réussit pas à le faire publier[27]. Il n’a alors que vingt ans[6].

Ressentant de plus en plus d’indifférence de la part de ses compatriotes, le poète est en proie à des crises d’étouffement. On parle alors de myocardite et de tuberculose[28]. Selon Mohamed Farid Ghazi, la maladie dont serait atteint Chebbi touche surtout les enfants et les jeunes entre dix et trente ans, principalement les personnes à l’âge de la puberté[4]. Chebbi écrit alors Le prophète méconnu (1930), un long poème publié en petit nombre d’exemplaires dans une plaquette de luxe aux éditions L’Art au service des Lettres[28].

Ayant terminé ses études et reçu son diplôme en 1930[9], il désire effectuer un stage de jeune avocat au tribunal de la Driba mais, en 1931, par déception ou par obligation, il retourne s’installer à Tozeur[28]. Chebbi va alors s’occuper de sa famille, de sa mère et de ses trois frères, dont il a désormais la charge[29]. En octobre, il écrit Prières au temple de l’amour (1931) alors que naît son premier fils, Mohamed Sadok, le 29 novembre[29]. L’année suivante, il crée l’association de l’amicale du Jérid et l’inaugure par une conférence sur l’hégire le 7 mai 1932[29]. Ce même été, il part à Aïn Draham avec son frère Lamine Chebbi et tous deux font un passage à Tobrouk (Libye), malgré la douleur ressentie par Abou el Kacem en raison de sa mauvaise santé[4].

Pour Chebbi, 1933 est une année féconde : il écrit Pastorale en février[29]. Durant l’été, il se rend successivement à Souk-Ahras (Algérie) puis à Tabarka et y rédige le 16 septembre 1933 La volonté de vivre[30], puis Mes chansons et Sous les branches[29]. En décembre, il compose La chanson de Prométhée[27]. Alors que son second fils Jalal voit le jour, il compose durant le mois de février 1934 L’aveu puis Le cœur du poète en mars et son fameux Ela Toghat Al Alaam (إلى طغاة العالم) — en français Aux tyrans du monde[27] — en avril. Au printemps, il se repose à El Hamma du Jérid, une oasis à proximité de Tozeur[4].

Mais la maladie continue à peser sur lui[31]. Le 26 août 1934, Chebbi part se soigner à l’Ariana où l’on ne parvient pas à identifier sa maladie[31]. Il a encore la force de retrouver ses amis, puisqu’une photo de lui prise à Hammam Lif peu avant sa mort paraîtra en couverture d’Al-âlam al-adabi au mois de décembre suivant[31]. Le 3 octobre, il est admis à l’hôpital italien de Tunis — actuel hôpital Habib Thameur — pour une myocardite et y meurt au matin du 9 octobre, à 4 heures, soit le 1er rajab 1353 du calendrier musulman[4], alors qu’il est à peine âgé de 25 ans[31].

Son poême le plus connu: 

La volonté de vivre
Lorsque le peuple un jour veut la vie
Force est au destin de répondre
Aux ténèbres de se dissiper
Aux chaînes de se briser...
Souffle alors un vent violent dans les ravins,
Au sommet des montagnes et sous les arbres
= Qui dit :
« Lorsque je tends vers un but
Je me fais porter par l’espoir
Oublie toute prudence
Je n’évite pas les chemin escarpés
Et n’appréhende pas la chute
Dans les flammes brûlantes.
Qui n’aime pas la montagne

Vivra éternellement au fond des vallées »

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